
Publié le 15 décembre 2022
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MA
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J’ai déjà parlé de mon discours sur le climat oppressif et la démocratie. En voici une troisième de samedi dernier : Mon interlocuteur, ingénieur, admet volontiers que la Terre a déjà connu des changements climatiques majeurs, mais il estime que le contexte actuel de CO anthropique2 entraînera des changements qui seront si dramatiques et si rapides, plus rapides que jamais auparavant, que l’homme ne pourra pas exercer son génie technologique à temps pour s’adapter à la nouvelle situation.
D’où, malheureusement, la nécessité de prendre au plus vite des mesures strictes pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ; d’où, malheureusement, la nécessité de restreindre un peu les libertés publiques. Il ne considère pas à la légère qu’il est souhaitable de passer en revue les réalisations démocratiques des deux cent cinquante dernières années, mais la nécessité fait la loi. Lorsque l’avenir à court terme est si sombre – guerres répétées, migrations massives, lutte non pas pour la vie mais pour la mort pour l’eau et d’autres ressources – il n’y a pas de temps pour être attentif aux libertés individuelles.
Espoir de fusion
La conversation porte ensuite sur le nucléaire et, plus précisément, sur les espoirs que l’on peut placer sur la fusion – qui fait l’objet d’importants travaux de recherche, notamment par le programme international ITER à Cadarache, en France, et le programme américain Lawrence, basé en Californie. Laboratoire national de Livermore.
Le problème, m’a dit mon interlocuteur, c’est qu’actuellement on consomme plus d’énergie qu’on n’en produit. C’est ennuyant. De ce fait, il est impossible d’imaginer une quelconque mise en œuvre concrète avant au moins un siècle, et encore une fois, seulement si la recherche aboutit, et alors il sera trop tard.
Dans une coïncidence improbable (qui a motivé cet article), trois jours après cette conversation, le laboratoire de Livermore a annoncé qu’il avait réussi à produire plus d’énergie par fusion nucléaire expérimentale qu’il n’en a été consommé pour produire ce résultat :
Le 5 décembre 2022, l’équipe LLNL de @lasers_llnl a mené la toute première expérience nucléaire de fusion contrôlée. L’expérience, également connue sous le nom de seuil de rentabilité énergétique scientifique, a produit plus d’énergie à partir de la fusion nucléaire que l’énergie du laser utilisé pour l’entraîner. pic.twitter.com/t9htICEcuh
—Laboratoire national Lawrence Livermore (@Livermore_Lab) 13 décembre 2022
C’est une excellente nouvelle car la fusion nucléaire, qui consiste à répliquer à notre échelle ce qui se passe au centre du Soleil, présente de nombreux avantages non négligeables par rapport à la technologie de fission actuellement utilisée pour produire de l’électricité. Déchets, peu nombreux, faiblement radioactifs ; parmi eux, il n’y a pas d’activité élevée et de longue durée de vie (HAVL). Et surtout, du point de vue de la gestion des incidents, la fusion se traduit par des réactions qui s’effondrent si elles ne se maintiennent pas, c’est-à-dire s’arrêtent en cas de problème, contrairement à la fission qui peut devenir critique (et exploser).
Bien sûr, il y a encore un long chemin entre la tasse et les lèvres. L’efficacité énergétique qui en résulte reste faible et il n’existe actuellement aucune base pour une application industrielle fiable et durable à court terme. Selon les chercheurs du Livermore Laboratory, les défis à relever restent énormes. La première étape essentielle est de reproduire l’expérience. A cet égard, il n’est pas interdit de penser que cette déclaration vise également à renouveler l’intérêt pour la fusion et, par conséquent, à attirer les financements nécessaires pour l’avenir.
Mais faut-il avoir l’air gris dès le départ ?
A lire les reportages de certains médias, on a la triste impression qu’ils sont tellement inquiets de ce progrès technologique qu’ils font tout pour en minimiser l’impact, afin de détruire immédiatement tout espoir de trouver des solutions d’adaptation au changement climatique.
On devine que certains ont un malin plaisir à l’expliquer “C’est une idée très ancienne […] de toute façon, il ne sera pas mûr pour la lutte contre le réchauffement climatique. ; ou ailleurs que “la perspective d’une centrale électrique dérivée d’un tel appareil reste absolument fantastique”.
Bougez, vous ne voyez rien.
Dans cet état d’esprit, tout se passe comme s’il existait un dogme indépassable sur le réchauffement climatique : rien ne nous permettra jamais de nous adapter. La seule solution est de limiter la croissance, ce qui implique de limiter les déplacements, de limiter le logement, de limiter la consommation agricole, de limiter la consommation industrielle et de limiter la démographie. La pure perspective d’une misère forcée, sans aucune liberté de rechercher l’amélioration des conditions de vie.
Les prophètes de malheur le nient, mais le point culminant de leur pessimisme est invariablement l’autoritarisme. Rappelons-nous, par exemple, ce qu’Aurélien Barau, astrophysicien et star hexagonale de la catastrophe écologique, a déclaré au journal. Indiquer 17 juin 2019 :
Bien sûr, je détesterais l’avènement d’une dictature, mais si nous continuons à dire que chacun peut faire ce qu’il veut, nous oublions le terrain d’entente.
Si cette phrase veut dire quelque chose, c’est qu’il y aura des circonstances – extrêmement graves, bien sûr, et jamais vues depuis la nuit des temps – qui pourront justifier l’avènement d’une dictature.
Cependant, il n’y a qu’un seul ingrédient dans la nature qui soit absolument nécessaire au développement harmonieux de l’homme, et cet ingrédient s’appelle la liberté. Liberté d’inventer, de créer, d’imaginer et d’expérimenter à volonté.
Sur la fusion nucléaire, comme sur bien d’autres sujets comme la santé ou les voyages, gardons l’esprit ouvert et ne nous précipitons pas tête baissée dans des décisions purement politiques qui consistent à figer l’état de la science sans aucune base scientifique ou technologique (opter pour le tout électrique en Europe, par exemple).
Une position éternellement pessimiste n’est pas plus intelligente qu’un optimisme béat invétéré. Entre-temps, l’Homme a démontré dès le début de son existence sur Terre qu’il était largement doté de l’intelligent mélange de prudence et de courage nécessaire pour s’adapter à son environnement et améliorer sa vie. Depuis une bonne cinquantaine d’années, il a même démontré qu’il était conscient de prendre soin de son environnement.
Aussi, n’enterrons pas trop vite les hautes puissances de l’esprit humain. Après tout, c’est bien un pas en avant qui vient d’être fait dans la fusion nucléaire.
Pour plus d’informations sur la fusion nucléaire dans le noyau du Soleil, je vous suggère de lire Dans la courbure de l’univers (15 février 2016).